Violai, viola et guitarra?
On appelle au Portugal « violao » ou « viola françesa » l'instrument qu'en France on se plait à nommer guitare ou guitare espagnole. Quoique ces deux premiers termes portugais veuillent dire grande guitare et viole d'amour, on réserve là-bas le nom proprement dit de guitare à cet instrument des douze cordes passablement inconnu ici. En effet, la caisse arrondie en forme de cœur renversé (pour citer les vers d'Hilario qui fut un des plus célèbres troubadours du siècle dernier), le bras court et étroit, la merveilleuse tête sculptée qui surmonte la mécanique de cette guitare, ne laissent pas d'étonner plus d'une personne : cet instrument, si répandu au Portugal et si cher au coeur des Lusitans, ne peut guère évoquer par sa structure que le cistre pour un esprit non prévenu. Selon Jean Witold, qui fut un grand musicologue, l'instrument à cordes, qui devait aboutir au travers de nombreuses mutations à la guitare Portugaise, fut introduit en Europe par les Maures lors des grandes invasions du Moyen Âge. Les troubadours portugais adoptèrent cet instrument qui fit rapidement partie des divertissements de la cour portugaise installée à Coïmbra. Les luthiers n'eurent de cesse de perfectionner la « guitarra portuguesa »